Les Livres liturgiques du diocèse de Langres de la fin du Moyen Age à la Renaissance

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Situé au carrefour entre la France royale, la Bourgogne et l'Empire, le diocèse de Langres se signale par ses grandes figures de bibliophiles, dignitaires ecclésiastiques et laïcs. Ces personnalités ont encouragé la production de livres qui présentent des qualités esthétiques indéniables et se distinguent par la fraîcheur des coloris, par la finesse des dessins et des compositions et par le pittoresque des marginalia. L’un des bibliophiles les plus célèbres du diocèse a été sans doute l’évêque Gui Bernard (1454-1481), commanditaire de l’exemplaire en sept volumes des Postilles de Nicolas de Lyre actuellement conservé à la BnF (BNF, latin 11972 à 11978), l’un des monuments les plus importants du corpus des miniatures langroises.

Entre la fin du Moyen Âge et la Renaissance, la production de livres liturgiques est l’une des plus emblématiques du territoire. C’est grâce à l’exposition organisée en 1966 par la Société historique de Langres qu’il m’a été donné d’examiner, pour la première fois, quelques livres d’heures enluminés de la fin du XVe siècle produits à l’usage de ce diocèse. Plus récemment, un ouvrage collectif sur Langres, publié sous la direction d'A. Journaux avec une préface de G. Duby, est venu enrichir le dossier, en présentant quelques reproductions en couleur de deux livres du XVe siècle, des Heures de la bibliothèque de la Société historique de Langres et des Heures de la Bibliothèque Municipale. Le catalogue de C. Meyer, paru en 2013 dans la collection Manuscrits notés des Bibliothèques publiques de France, décrit à son tour quelques manuscrits liturgiques langrois. Autant de publications qui confirment la richesse et l’ampleur d’un champ de recherche qui demeure cependant peu exploré, les manuscrits étant, pour la plupart, conservés à l’étranger ou dans des collections régionales peu connues, ou encore dans des collections privées.

Le catalogue ici présenté entend contribuer à pallier ce manque, avec une première liste classée de ces manuscrits liturgiques. Il est issu de ma thèse de doctorat en histoire de l’art soutenue le 24 novembre 2007 à l’école doctorale VI de la Sorbonne, sous la direction de Madame Fabienne Joubert. Prolongeant les recherches du chanoine Marcel , le catalogue répertorie 82 manuscrits, qui ont été sélectionnés et rattachés au diocèse de Langres sur la base de critères liturgiques et historiques.

Le cadre chronologique retenu débute à l’époque du gouvernement épiscopal de Louis de Bar (1395-1413), qui fut également évêque de Châlons-sur-Marne, de Poitiers et de Verdun, et fut élu cardinal en 1397. Ce personnage a promulgué en 1404 d’importants statuts pour le diocèse. Pour ce qui est des limites plus basses, j’ai choisi de ne pas dépasser la date de clôture du Concile de Trente : tout d’abord, parce qu’aucun manuscrit liturgique conservé n’a été repéré au-delà de cette date, mais surtout parce qu’aucun changement radical n’est à signaler dans l’histoire de la production de livres liturgiques avant la Réforme dans les pays de culte catholique romain. C’est en effet la Contre-réforme, liée au Concile de Trente , qui va modifier la liturgie, l’organisation des lieux de culte et l’iconographie. Dans le diocèse de Langres, en l’espèce, ces dates s’articulent autour des Statuts synodaux, qui régissent la discipline du clergé, le respect de la liturgie et introduisent d’éventuels changements.

Les manuscrits ont été classés par catégories, en deux grandes parties. Dans la première on a décrit les livres des cérémonies (célébration eucharistique, office, autres actions rituelles), dans la seconde les livres de la dévotion privée, qui sont pour l’essentiel des livres d’heures. Les notices signalent la cote actuelle (ou référence à la dernière vente, suivie du n° du lot) et la date, décrivent sommairement le manuscrit (nombre de feuillets, dimensions, support, langue du texte, reliure). La réglure, l’écriture, les cahiers sont détaillés lorsque le manuscrit a pu être examiné directement ; dans le cas contraire ces éléments ont été repris d’après les catalogues examinés. J’ai décrit ensuite les éléments de localisation liturgique, de datation, ainsi que la décoration, l’histoire du manuscrit et la bibliographie qui s’y réfère, classée selon l’ordre chronologique de parution.